Fête nationale le 31 Juillet 2024

A l’occasion de la fête nationale, célébrée à Cossonay le 31 juillet, le Président du Conseil communal Loris Stehlé, membre d’Ensemble pour l’Ouverture, a prononcé le discours suivant:

« Mesdames, Messieurs,

Chères habitantes et chers habitants de Cossonay, chères amies et chers amis de Suisse et d’ailleurs, au nom des autorités communales, en ma qualité de Président du Conseil, je vous souhaite la plus cordiale bienvenue aux festivités du 1er Août anticipé dans notre bourg.

Comme vous le savez, nous nous trouvons réunis ce soir pour célébrer les 733 ans du Pacte fédéral signé en août 1291 par les Cantons d’Uri, de Schwyz et de Nidwald.

Ce texte législatif, parmi les plus anciens de Suisse mais oublié pendant plus de 4 siècles, a été choisi sur l’impulsion du Conseil Fédéral comme acte fondateur de notre Confédération Suisse il y a à peine plus d’un siècle.

Ce pacte, d’importance somme toute modeste au cours de l’histoire de notre pays, constitue pourtant, avec les mythes fondateurs tels que le serment du Grütli ou l’histoire de Guillaume Tell, le socle de notre identité helvétique telle qu’elle s’est construite au 19ème siècle.

Ils ont été pensés comme le ciment entre les villes et la campagne, mais aussi entre les différentes régions linguistiques qui composent notre magnifique pays.

Ils ont permis de bâtir la Suisse du 20ème siècle, modèle de prospérité et souvent citée en exemple grâce à son système démocratique qui, bien qu’imparfait, figure parmi les plus participatifs au monde.

C’est dire à quel point de tels récits collectifs sont puissants. Ils permettent de forger l’imaginaire pour rassembler la société afin qu’elle puisse faire face aux défis de son temps.

Et le défi de notre temps aujourd’hui, à Cossonay comme ailleurs, est bien sûr en premier lieu celui de la surexploitation de notre planète et des dangers existentiels que cela fait peser sur nous toutes et tous, et plus particulièrement sur les plus jeunes et sur les générations futures.

En Suisse, le 1er Août est notre fête nationale. Mais à l’échelle mondiale, cette date correspond cette année au jour du dépassement. Cela signifie que l’humanité aura consommé dès demain matin toutes les ressources que la Terre peut produire en une année, et que l’humanité produit dès demain plus de déchets que la planète ne peut en absorber en une année entière.

Il n’y a pourtant pas besoin de remonter à l’âge des cavernes pour retrouver une humanité dont l’impact était soutenable, puisqu’en 1986 encore, la pression de l’humanité était à l’équilibre avec les capacités de renouvellement de notre planète.

Mais sur les 9 limites planétaires identifiées à ce jour, qui ne devraient pas être dépassées afin de garantir une vie digne à nos enfants et petits-enfants, 6 le sont d’ores et déjà, dont évidemment le dérèglement climatique et la destruction de la biodiversité.

La semaine dernière, le 22 juillet a été le jour le plus chaud jamais enregistré sur Terre non seulement depuis le début des mesures, mais probablement depuis 100’000 ans !

Il faisait suite au mois de juin le plus chaud jamais enregistré, qui était lui-même le 13ème mois consécutif à battre un tel record de température.

Canicules, inondations, sécheresses et incendies ont frappé, parfois simultanément, tous les continents depuis quelques mois. Ceci est un effet direct du réchauffement climatique d’origine humaine, accentués par le phénomène cyclique naturel El Niño.

Heureusement, la Suisse a été jusque-là préservée des vagues de chaleur qui se sont abattues sur la majeure partie du globe ces derniers mois.

Mais un an à peine après la tempête dévastatrice qui a ravagé la Chaux-de-Fonds, les déluges du mois dernier ont coûté la vie, suite à des inondations, des glissements de terrains ou de la lave torrentielle, à plusieurs personnes dans les Grisons, au Tessin et en Valais.

Plusieurs villages de montagne ont été coupés du monde pendant plusieurs jour, des centaines de personnes ont perdu leur logement, et au moins 500 emplois sont menacés suite à la destruction d’infrastructures.

Encore plus près d’ici, ces inondations ont causé pour environ 20 millions de dégâts matériels dans le chef-lieu de notre district.

Cette énumération n’a pas pour vocation de casser l’ambiance festive de ce soir – je vous prie de m’en excuser si c’est néanmoins quelque peu le cas – mais simplement de vous rappeler que le dérèglement climatique a déjà commencé, y compris chez nous, et qu’il ne fera qu’empirer jusqu’à ce que nous arrêtions de brûler des combustibles fossiles.

Heureusement, à l’échelle la plus locale, notre Municipalité, à travers son programme de législature, la mise en œuvre d’un plan climat et d’une planification énergétique territoriale, est bien consciente de ces enjeux majeurs.

Mais cet immense défi de notre époque qu’est le dérèglement climatique, associé aux autres limites planétaires déjà dépassées, c’est tous ensemble que nous devons le relever :

En questionnant nos besoins réels, et en construisant collectivement des compromis inédits pour surmonter l’impasse de notre système économique actuel mortellement dépendant d’une croissance infinie, qui est pourtant impossible, afin d’assurer notre prospérité aujourd’hui, sans compromettre le futur de nos enfants, ici comme ailleurs.

C’est une tâche colossale qui nous attend toutes et tous, et à laquelle nous devons urgemment nous atteler avec beaucoup plus de force, de sérieux, mais aussi d’imagination que nous ne l’avons fait jusque-là.

En effet, quel patrimoine souhaitons-nous laisser à la postérité ? Voulons-nous pouvoir dire fièrement à nos enfants ou à nos petits-enfants que nous nous sommes retroussé les manches et avons enfin pris ces problématiques à bras le corps, ou bien les condamner aux conséquences de notre action beaucoup trop timide ?

Comme le dit notre Conseil fédéral dans son rapport Environnement 2022 :

«Un avenir durable est encore possible, pour autant que les modes de production et de consommation opèrent un changement radical, notamment dans les secteurs de la mobilité, du logement et de l’alimentation[…]»

Puisse le courage et l’ingéniosité de nos aïeux, réels ou fantasmés, nous inspirer pour construire tous ensemble le futur durable et désirable dont nos enfants ont besoin aujourd’hui : En passant du récit collectif du toujours plus pour quelques-uns à celui du suffisamment pour tout le monde. En enrayant la catastrophe climatique sans pour autant sacrifier la biodiversité qui est tout autant fondamentale.

Il me reste à conclure en remerciant la Commune et la jeunesse de Cossonay pour l’organisation de cette fête, et vous toutes et tous pour votre présence, votre attention et je l’espère votre enthousiasme à relever ces défis, et de vous souhaiter un bel été et de bonnes vacances.

Vive la Suisse, vive le Canton de Vaud et vive Cossonay. Mais surtout, vive la planète Terre, notre maison commune !